DE PLIS EN
DEPLIS,
SANS
REPLI…

Plis est le titre d’une prochaine création des compositeurs Thierry Blondeau et Daniel D’Adamo, un projet d’écriture à quatre mains à l’attention du quatuor Bela. De plis en déplis, en référence aux écrits de Gilles Deleuze*, l’idée de l’entrelacement, d’emboîtements à la façon “poupées russes” imprègne les saisons de Grame, comme autant d’allers-retours incessants entre musique, expérimentation, recherche et transmission.« Le plus simple est de dire que déplier, c’est augmenter, croître, et plier, diminuer, réduire, rentrer dans l’enfoncement d’un monde »*. Plier et Déplier évoqueraient alors une fonction opératoire, où les nouvelles technologies s’affirment comme de puissants instruments d’investigation, d’approfondissement : la création musicale est devenue multidimensionnelle autour du compositeur et d’une équipe pluridisciplinaire, exigeant un processus d’ajustements pour chaque finalisation. Rayonner, transmettre, multiplier les confrontations publiques participent de cet état de mobilité. De pli en pli, la saison 2011/12 se concevrait ainsi comme une vaste articulation, de lieux et d’espaces, où chaque moment éclairerait le précédent ou celui à venir :

1

Une saison à Lyon, avec une série de concerts à l’automne dont deux hommages, à Iannis Xenakis et Mauricio Kagel : deux grandes figures qui nous entraînent du côté de l’architecture, de l’espace et du théâtre musical.

2

Une saison marquée par les 20 ans de Musiques en Scène avec une Biennale 2012 redessinée par Damien Pousset, sous l’égide de Michael Jarrell, compositeur invité de cette édition. Musiques en Scène explore « l’état second de la contemporaine » pour rendre compte de ces territoires où gravite toute une nouvelle génération de compositeurs décomplexés : plier-déplier au sens de s’approprier, réutiliser, manipuler des objets existants.  

3

Une saison internationale, particulièrement intense en Asie, où Grame rayonne par la diffusion de son répertoire et par l’apport de ses compétences dans les domaines de la capture du geste. Des concerts, résidences et nouvelles productions mêlant à la musique les arts visuel et la danse sont programmés en Chine, Corée et à Taiwan.

4

Une saison européenne, où Grame est présent à Bruxelles, Genève, Rome, Londres, Istanbul… et un tour de France à Albi, Paris, Rouen, Nice, Strasbourg, Marseille… Les programmes de concerts déclinent l’idée de la mixité avec des dispositifs conçus par les équipes de Grame : Partita 1 de Philippe Manoury, Light Music de Thierry de Mey, les créations de Thierry Blondeau, Daniel D’Adamo, Kenji Sakai et Bertrand Dubedout.

5

Une saison de créations avec une vingtaine de compositeurs et solistes invités en résidence, où alternent les phases d’écriture, d’expérimentation et de réalisation. Les nouvelles œuvres mixtes recouvrent des formats variés : musiques  de concerts, installations pour les lieux d’exposition, arts de la scène…

Enfin, une saison qui n’ignore pas les réalités budgétaires, ce qui a nécessité des adaptations structurelles ; mais la rigueur n’a jamais altéré l’engagement et la conviction d’une équipe, pour qui les musiques contemporaines, tout aussi savantes soient-elles, sont un magnifique terrain d’exploration du sensible. Transmettre est ce fil rouge commun à l’ensemble des activités à travers la Biennale, les concerts de la saison, les ateliers dans les collèges et lycées, ainsi qu’en direction des milieux d’enseignements spécialisés. C’est procéder tout à la fois à l’élargissement des publics et des œuvres.
A l’aube de trente années d’existence de Grame, l’enjeu est bien de continuer à plier et déplier, pour se prémunir de toute tentative de repli.  

James Giroudon
 * Gilles Deleuze, Le Pli