Musiques en Scène 2000

Édito

Parmi les innombrables espaces que sillonnent les voies de la création musicale contemporaine, Musiques en Scène propose trois sites de découvertes et d’exploration : une exposition d’art sonore au Musée d’Art contemporain, des concerts et spectacles, et un ensemble d’installations sonores environnementales regroupées sous le label “Lyon Cité Sonore”.
Si la relation entre musique et espace n’est pas nouvelle - David Robertson le montrera au cours du concert “Espace Intérieur/ Extérieur” - , ce n’est véritablement qu’à partir de la seconde moitié du siècle que la problématique de l’espace sera prise en compte de manière déterminante par les compositeurs, débouchant sur une vision généraliste de l’impact du sonore et du musical dans les arts.
Se déployant en une cinquantaine d’évènements où se rencontrent musiques, images, mouvements, arts de la scène et arts plastiques, Musiques en Scène 2000 marque ainsi pleinement sa vocation de manifestation multiculturelle. Les installations, spectacles et performances de Granular Synthesis (Autriche) et de Dump Type (Japon), sont particulièrement représentatifs de ces interactions entre les arts, tout comme l’opéra-vidéo Electric Flesh, création mondiale de Autumn Leaf Performance (Canada). Affirmer ces décloisonnements, ces circulations et ces synergies, c’est faire un pari sur le troisième millénaire pour lequel la musique, quelle que soit sa forme, ne peut rester confinée dans son univers et ses codes, aussi savants soient-ils.
Cette nouvelle édition nous offre tout un lot de sensations nouvelles : écouter “chanter les nuages”, s’immerger en “gravité zéro” dans la piscine Garibaldi, découvrir les sons de la ville à travers une symphonie composée par Llorenc Barber pour les clochers de Lyon, ou encore parcourir le flux sonore et lumineux du pont Lafayette conçu par Hans-Peter Kuhn. Les architectures sonores imaginées par les compositeurs se traduisent aussi par des dispositifs instrumentaux circulaires, doublés parfois par l’électronique, où les instrumentistes entourent le public : c’est le cas pour plusieurs créations par les Percussions Claviers de Lyon, ainsi que pour les oeuvres de Xenakis, Grisey, Boulez que présentent les Percussions de Strasbourg et l’orchestre du CNSM de Lyon.
Innovations technologiques et dispositifs de spatialisation sont aussi aux rendez-vous, proposés par le jeune violoncelliste Benjamin Carat, par Bertrand Merlier et ses capteurs électroniques, ou encore à travers Choc, spectacle de Philippe Mion et de Charlotte Nessi où acousmatique, public, acteurs et chanteurs se retrouvent ensemble dans un décor tout à croquer.
La création mondiale de Pierre Henry, les concerts-portraits de Ivo Malec et Michaël Lévinas, la présence de l’Orchestre National de Lyon, de l’Ensemble Orchestral Contemporain, de l’ensemble Contrechamps, du Quatuor Debussy, de l’Ensemble Odyssée et de l’Octuor de Violoncelles de Beauvais contribuent à définir la problématique de l’espace comme une des caractéristiques les plus significatives de l’évolution de la musique du 20ème siècle.
James Giroudon