Rencontres
Musicales
Pluridisciplinaires
2006

Présentation
Vendredi 17 mars
Samedi 18 mars
Bulletin d'inscription

Dates
17 et 18 mars 2006

Lieu
Musée des Beaux-Arts,
Salle Henri Focillon,
Palais Saint-Pierre
69001 Lyon, France
Tél. +33 (0)4 72 10 17 40



Renseignements et Inscriptions
Grame
9 rue du Garet,
B.P. 1185,
F-69202 Lyon Cedex

Tél. 33 (0)4 72 07 37 00

Le développement de technologies informatiques toujours plus performantes et toujours plus “temps-réel” a permis l'émergence, au cours des quarante dernières années, d'un nouveau champ d'exploration artistique. Les “objets” de ce champ sont assez inattendus puisqu'il ne s'agit plus tant d'objets sonores ou plastiques, au sens traditionnels du terme, mais de relations, et plus exactement “d'interactions”, entre et avec ces objets. Les artistes ont aujourd'hui la possibilité de concevoir, de réaliser et d'expérimenter des interactions en tant que telles. L'interaction, au sens des actions réciproques qui se manifestent entre les chose, est en quelque sorte réifiée. Elle peut être formulée, calculée et essayée. Elle devient objet de discours et dans certains cas, la matière même de l'oeuvre.

Il est intéressant de noter que ce mouvement de réification de l'interaction a, sur la même période et sur les même bases technologiques, son parallèle dans le domaine des sciences. Le développement des sciences de la complexité (cybernétique, théorie du chaos, géométrie fractale, vie artificielle, automates cellulaires, etc.) a été largement facilité par le développement de l'informatique et de ses possibilités de simulation, de visualisation et d'expérimentation. Les concepts d'interaction et de feedback y sont tout a fait centraux. Les sciences de la complexité montrent notamment comment des actions réciproques, simples et de portée locale, mais entre un grand nombre d'éléments, créent littéralement de la complexité. Les propriétés, les structures et les comportements qui résultent de ces interactions collectives sont qualifiés “d'émergents”. En effet, ils ne semblent pas contenus dans les éléments de départ, mais littéralement émerger du fonctionnement global du système. Notre regard sur les relations entre le simple et le complexe s'en trouve changé. Il devient possible d'expliquer le complexe par le simple.

Les Rencontres Musicales Pluridisciplinaires 2006 veulent être l'occasion de faire le point sur les notions d'interaction et plus particulièrement de feedback dans la création musicale contemporaine. Bien entendu c'est une banalité que de rappeler que nous interagissons en permanence avec le monde qui nous entoure. Le monde “est” interactif. Mais la technologie nous permet de changer ces interactions, d'en inventer de nouvelles, de les écrire, de les décrire et de les “mettre en oeuvre”.

On verra ainsi qu'à côté des instruments acoustiques et des instruments électroniques traditionnels, apparaissent désormais des instruments “hybrides”. Des instruments acoustiques dont ont change les propriétés physiques de résonances par des techniques de feedback. Ce n'est plus le son de l'instrument qui est transformé par l'électronique, mais l'instrument lui-même. Mais la notion d'instrument de musique est indissociable du geste qui en joue. Là aussi la technologie nous permet d'expérimenter de nouveaux gestes musicaux. Grâce à des techniques de captation du mouvement, ces gestes peuvent désormais se faire dans l'espace, en dehors de tout support physique. Ou au contraire on peut vouloir reproduire des sensations gestuelles tactiles précises, réalistes, par des techniques de “retour d'effort” contrôlées par des modèles informatiques.

Les mécanismes de feedback peuvent également porter sur d'autres dimensions du discours musical, celles de la performance et de l'interprétation. De nouveaux dispositifs sont désormais capable d'analyser en temps-réel le jeu de l'instrumentiste et d'en extraire des éléments caractéristiques. Ces éléments peuvent servir à alimenter une sorte de “double virtuel” qui va devenir un véritable partenaire de jeux du musicien. Ils peuvent également servir des fins pédagogiques, et permettre à l'élève, grâce à des “miroirs technologiques”, de mieux prendre conscience de son propre jeu et par la même d'en mieux corriger les défauts.

Comme nous l'avons dit plus haut, les notions d'interaction et de feedback dépassent très largement le cadre de la musique et sont au coeur de nombreuses autres disciplines. Il sera donc intéressant de découvrir également les effets de feedback en sociologie ou encore d'écouter le point de vue du mathématicien sur les notions voisines de récurrence et de récursivité.

Yann Orlarey


Les Rencontres Musicales Pluridisciplinaires 2006 sont organisées par Grame, en collaboration avec le Musée des Beaux-Arts de Lyon et avec le soutien du Ministère de la Culture.

Programmation :
Y. Orlarey (Grame), avec la collaboration de H. Genevois (LAM, Paris)