« New York, New Sounds, New Spaces », est un regard sur l’émergence d’un « art sonore », son développement et son identité à travers des créations spécifiquement new-yorkaises des deux dernières années. Cette exposition cherche à montrer la manière dont les artistes créent des installationss incitant les visiteurs à « écouter », combien ils s’attachent tout particulièrement à cette question des « environnements », c’est à dire comment leurs créations peuvent être présentées aussi dans des institutions publiques, ( Musée d’art contemporain de Lyon), ou même directement chez soi (émissions télévisées de Roulette).
Ainsi, sont présentées des installations spécifiques au site, comme celle de John Hudak ou de Michael J. Schumacher ; Erik Nauman propose une œuvre interactive mise au point récemment ; Molly Davies présente un portrait original de deux compositeurs de musique électronique, David Tudor et Takehisa Kosugi, dans une installation vidéo ; Terry Nauheim montre des dessins dont la thématique est liée à l’univers musical, et une série de programmes intitulés « Roulette » est consacrée à la présentation de performances et aux recherches sur les sons électroniques.

Stephen Vitiello

Déjà invité en 1999, pour Musiques en Scène, Stephen Vitiello, musicien new-yorkais, guitariste, compositeur, créateur sonore est, pour la Biennale 2002, convié à double titre : en tant qu’artiste et en tant que commissaire associé. Outre ses deux créations sonores qu’il réalise pour l’exposition, il s’est vu confier le soin de présenter à ses côtés, une sélection d’artistes de la « scène sonore » contemporaine new-yorkaise. Avec « New York, New Sounds, New Spaces », il nous propose un parcours où se mêlent sons, images, dessins, vidéos et informatique. D’un espace à l’autre, le visiteur est tantôt debout, assis ou allongé mais toujours à l’écoute de sonorités sculptées, mixées, dessinées et parfois « annulées » qui jouent avec la présence du spectateur. Il réaffirme s’il en est encore besoin combien le son est un matériau qui désormais appartient pleinement à l’histoire des arts plastiques.


David Abir
Né à Philadelphie en 1969.
Vit et travaille à New York.

La méditation est le thème principal de l’installation de David Abir. Avec Tekrar, il cherche à provoquer une sorte d’état transcendantal à l’aide de sons répétitifs qu’il compare à la composition des tapis persans. Abir utilise aussi l’aspect visuel des trois éléments qui constituent son installation par le biais des reflets de la pièce et des spectateurs sur leurs surfaces. De ces trois éléments s’échappent des compositions musicales différentes les unes des autres créant une particularité au sein d’un système répétitif.

Laurie Anderson
Née à Chicago en 1947.
Vit et travaille à New York.

Laurie Anderson, pionnière de la musique électronique, a réalisé un CD Rom de jeu dès 1995 intitulé Puppet Motel. Ce jeu permet à l’utilisateur de naviguer dans les trente trois pièces de l’hôtel avec la possibilité à chaque étape de rencontrer l’œuvre de l’artiste. Dans le cadre de Musiques en Scènes 2002, une importante exposition monographique lui est consacrée en parallèle.

Molly Davies
Vit et travaille à New York.

Molly Davies aborde dans l’installation vidéo intitulée David Tudor’s Ocean la relation entre la musique électronique et la chorégraphie à travers une performance réalisée par David Tudor et la Merce Cunningham Dance Company, en 1994 à Amsterdam. Elle présente simultanément sur six moniteurs des vidéos de la performance et les procédés de création de David Tudor. La performance filmée est en fait le résultat d’un travail d’ensemble qui associe une interprétation électronique, Soundings, de David Tudor, joué avec Takehisa Kosugi, une musique acoustique de John Cage complétée par Andrew Culer et enfin la chorégraphie de Cunningham.

Jody Elff
Né en 1970 à Philadelphie
Vit et travaille à New York.

L’œuvre de Jody Elff, Inlet, retraduit le bruit ambiant dérivant de l’activité de l’espace dans lequel l’œuvre est placée. Le son capté par une série de micros est analysé du point de vue de son contenu tonal. Il en résulte une structure harmonique rediffusée dans l’espace, ici, le hall du musée. Inlet s’inscrit dans un vaste programme d’installations intitulé Re-Sound. Dans l’espace d’exposition, il présente Portal, sorte d’arche qui émerge de la pénombre et qui, lorsqu’on la traverse nous plonge dans un « silence » temporaire, une absence de son, qui nous place soudainement dans une dimension parallèle.

John Hudak
Né en 1958 à Framingham (Massachusetts).
Vit et travaille à New York.

Après avoir étudié la vidéo, la photographie, la danse et commencé à réaliser des bandes-son pour des performances, ses travaux récents se concentrent sur le son et plus particulièrement les sons naturels. Dans une approche minimale et répétitive, il utilise des sons très faibles, ou souvent considérés comme « non-musicaux » : bruits d’insectes, vibrations d’un pont, voix de sa mère sur un répondeur… Enregistrés, ils sont déconstruits, transformés, modifiant ainsi leur rythme et leur texture. Dans Shifting Lift , l’installation sonore est basée sur le mouvement d’une branche d’arbre filmée en direct depuis le musée. Le déplacement de la branche, infime ou plus visible est traduit en son par un procédé informatique.

Terry Nauheim
Née en 1970 à Washington D.C.
Vit et travaille à New York.

Terry Nauheim travaille essentiellement sur la réutilisation d’objets liés à la production de sons comme les disques ou les platines. Détournant ces objets de leur fonction, elle cherche à créer de nouvelles formes de sons suggérées par le silence et les objets rapportés. Ses Cd Cases s’inscrivent dans ce concept, puisque chaque boîte de CD contient des matériaux différents comme des paillettes, de la colle, du caoutchouc, du thé…. En revanche, dans ses Turntables drawings elle fait essentiellement appel à des procédés techniques, comme l’impression par frottement, qu’elle compare aux procédés d’écriture automatique des Surréalistes.

Erik Nauman
Né en 1966 à San Francisco
Vit et travaille à New York.

Son œuvre, Currents, est un projet artistique interactif de production de sons. Le visiteur devient lui-même un créateur en jouant d’un clavier d’ordinateur dont les touches libèrent les sons de transformateurs électriques enregistrés par l’artiste à différents endroits de New York. Nauman a fait ce choix en raison du bourdonnement constant que produisent les transformateurs et qui se caractérise par un son sourd et vrombissant sur le même ton à des octaves différentes. Ainsi le visiteur re-compose sa propre « musique ».

Susan Philipsz
Née à Chicago en 1965.
Vit et travaille à New York.

Le travail de Susan Philipsz se partage entre une recherche sur les propriétés spatiales du son et ses relations avec l’architecture. Cette artiste s’intéresse à ce quelle appelle les propriétés émotionnelles et psychologiques du son. Elle utilise le son comme une sorte de dispositif pouvant modifier la perception des auditeurs dans un lieu ou à un moment précis.

Roulette - Jim Staley
Roulette est le nom d’une émission de TV consacrée depuis 1976 à la présentation de performances. Ce programme original offre à des compositeurs, des musiciens ainsi qu’à d’autres artistes novateurs la possibilité de se produire. En même temps Roulette s’engage à soutenir de jeunes artistes.
Phil Niblock, Laetitia Sonami, Jarryd Lowder, Pauline Oliveros, William Parker, Janene Higgins et Zeena Parkins sont visibles dans l’exposition mais l’intégralité du programme est diffusée en salle de conférence.

Michael J. Schumacher
Né en 1965 à Washington DC.
Vit et travaille à New York.

Prix de la composition de l’Université de musique de l’Indiana en 1982, M. J. Schumacher utilise depuis 1988 les médias électroniques et s’intéresse plus particulièrement aux sons environnementaux.
Avec Room Piece Schumacher souhaite conduire le visiteur dans une expérience auditive aux multiples aspects. Son installation joue avec des rythmes basés presque tous sur les nombres premiers si l’on excepte les paroles et les sons environnants, auxquels il fait également appel. Ces nombres forment la base de douzaines de procédés rythmiques exécutés par l’ordinateur dans le but de créer des variations à l’intérieur de chaque sample.

Stephen Vitiello
Né à New York en 1964.
Vit et travaille à New York.

Musicien électronique et artiste, Stephen Vitiello explore essentiellement les rapports sons/images. Il dit lui-même être intéressé par l’aspect physique du son et son potentiel à définir la forme, l’impression ou la couleur d’un environnement spatial. Il présente dans cette exposition une installation sonore intitulée World Trade Center Recordings : After Hurricane Floyd retravaillant des enregistrements réalisés à l’aide de micros fixés aux fenêtres du 91ème étage de la tour n°1 du World Trade Center, lors de sa résidence d’artiste en 1999. Il propose également l’œuvre Humming Bird Feeder, dans laquelle il utilise des enregistrements faits dans un jardin paisible, un jour de grand vent. Ce qui intéresse l’artiste c’est l’alternance du silence avec des sons « purs » comme le chant d’un oiseau.